Au mois d’octobre, Rémy Alonso, ancien kayakiste de haut niveau, me propose de nous inscrire au raid vtt des chemins du soleil dans sa version élite. Connaissant ce raid pour l’avoir déjà fait comme assistant en 2006 et comme coureur (en rando) en 2008, je me laisse assez vite tenter. C’est Rémy qui est chargé des inscriptions car il ne faut pas trainer une fois le serveur ouvert. Les places partent très très rapidement. Bingo! Nous voilà en possession d’un dossard. Flavie, la femme de Rémy nous fera l’assistance (une assistance tout confort en camping-car)…et en profitera pour peaufiner sa préparation pour le marathon du Mt Blanc. Au regard de ce qui est annoncé en terme de distance mais surtout de dénivelé, environ D+9000 pour 240 km, l’idée est vraiment d’arriver sur la ligne de départ avec pas mal de kilomètres et de D+ au compteur.
Cette année, le raid est au départ de Saillans, petit village drômois qui enjambe la Drôme. En ce début de week-end prolongé, nous n’avons pas été les seuls à vouloir descendre prendre un peu le soleil… Le trajet pour rejoindre Saillans est bien encombré!!! Mais heureusement le soleil est là… pour l’instant…
Lorsque j’arrive, Rémy et Flavie sont déjà installés à l’ombre d’une haie, la table et les fauteuils dépliés. On fait vite fait le tour des vtt pour voir si tout est en ordre et c’est l’heure du traditionnel briefing d’avant course. J’en profite pour faire télécharger la nouvelle trace GPS du parcours du soir car il y a des changements. Les pluies de la semaine précédente obligent à quelques modification de l’itinéraire. Après les discours »officiels », Hervé Simon, organisateur de l’événement, nous donne les consignes plus techniques sur le parcours du soir et du lendemain. Puis vient l’heure de prendre notre repas. Bien que prioritaire par rapport aux concurrents inscrits sur la formule rando, nous ne sommes pas les seuls… Nous attendons tranquillement que notre tour vienne en dégustant un peu de la clairette de Die qui nous est proposée.
ÉTAPE NOCTURNE
20h45, c’est le moment de se rendre au centre de Saillans pour se mettre en place sur la grille de départ. La pluie a fait son apparition. Nous essayons de nous mettre un peu à l’abri sous un balcon. A 21H30, le départ est donné. Dès les premiers mètres, la nervosité se fait sentir.
Tout le monde est parti fort pour essayé de bien se placer… On a l’impression que l’on est parti pour une course d’un jour… Le début d’étape est une longue montée plutôt régulière qui va nous permettre de trouver un certain rythme. Sur l’ensemble des 27 kms et 1000D+ de l’étape, nous allons pouvoir déjà avoir un bon aperçu de la qualité et de la technicité des chemins et sentiers que nous emprunterons tout au long du raid. C’est vraiment sympa de voir toutes ces lumières qui serpentent…
La dernière descente pour revenir sur Saillans est assez longue et bien engagée. Le noir profond qui jouxte le sentier nous laisse aisément imaginer de belles falaises. Dans cette dernière descente, nous nous retrouvons rapidement bloqué derrière une équipe belge dont l’un des équipiers n’a plus d’éclairage. Je lui cède mon éclairage de cintre pour qu’il puisse finir sans encombre… Mais peut-être aurais-je dû le proposer à Rémy car dans une portion bien pentue il part à la faute et effectue un joli petit tour autour du vélo … heureusement sans gravité. Nous terminons cette 1ère étape dans le milieu du peloton en 2h15. Devant, ça roule très fort. Les 1ers ont mis 1h25 pour boucler…
De retour au camion, on profite du confort pour boire et manger un bout. Encore une petite douche et c’est l’heure de se pieuter. Ma tente m’attend au pied du camping-car avec un bon p’tit matelas d’au moins 15cm d’épaisseur et qui prend la totalité de la surface de la tente. Ça me fait de quoi m’étaler…
ETAPE 1 – SAILLANS / LUC-EN-DIOIS
Malgré une nuit mouvementée du fait d’un vent important, le réveil est plutôt matinal car nous devons être en place vers 7h30 sur la ligne pour un départ à 8h. Rémy nous prépare son p’tit déj de champion : une belle omelette avec du riz !!! On profite du p’tit déj pour définir une « stratégie vestimentaire »… On va partir avec en fond de sac veste et pantalon étanche car le temps qui s’annonce n’est pas top top ! Pendant qu’on s’habille, Flavie prend les devants pour rejoindre à pied le site de départ et pouvoir récupérer une petite veste qu’on enlèvera juste avant de partir.
Comme la veille, le départ est très nerveux. Il ne faut pas s’endormir s’il l’on ne veut pas se retrouver « coincé » sur les singles qui nous attendent plus loin. La mise en route, aidée par une météo un peu pourrie, n’est pas des plus aisées. Nous reprenons la longue montée empruntée la veille histoire de nouveau échelonner tout ce petit monde.
Rapidement, nous nous retrouvons dans de jolis singles rendus quelque peu glissant par la pluie fine qui continue de tomber. Une belle marche provoque un bouchon que nous passons bien plus rapidement (une 10aines de minutes)que ceux qui viendront derrière nous (jusqu’à 1h30 bloqué). On enchaine singles sur singles… Le top!
Le 1er ravito arrive à la fin d’une longue descente dans laquelle les disques ont bien chauffé. On est bien content de pouvoir remplir notre bidon et se restaurer (orange, pain d’épice…). Au moment de repartir, « Rém? T’as enlevé le GPS de son support? », « Non »… Mer…, plus de GPS !!! Bien que scotché, il s’est fait la malle (…ou quelqu’un l’a aidé). Mer…! Va falloir que j’annonce ça à Pascal à qui je viens de prendre la tête pendant 2 semaines pour qu’il m’en trouve un avec le fond de carte adapté… On reprend notre route mais on s’est bien refroidi. La descente suivante accentue cette sensation…et les jambes de Rémy n’apprécient vraiment pas. Des crampes commencent à pointer le bout de leur nez et vont le tenir jusqu’à l’arrivée à Luc-en-Diois.
On s’arrête pour qu’il puisse mettre son pantalon et garder un peu de chaleur. Par la suite, j’essayerai de l’aider au maximum. Au point d’assistance suivant, nous retrouvons les copains d’une équipe de la Drôme à leur camion. Un p’tit coup de produit anti-crampes, un remplissage de bidon…et ça repart. Merci ! Prochain objectif : le ravito de Die. Rémy s’accroche… La longue descente depuis le col de la Tour nous permet de récupérer un peu au niveau des jambes et d’atteindre le ravito.
La fin d’étape depuis Die est un enchainement de petits « coups de cul » qui font bien mal au jambes. On a l’impression que l’on ne va jamais arriver au bout. Toutefois les paysages restent superbes avec champs de lavande et forêts de chênes… On en profite pour aider un peu nos compagnons de route lorsque cela est possible.
Finalement nous arrivons au bout de cette longue journée (7h26 de selle), content de pouvoir se mettre à l’abri et boire un bon thé chaud. Nous prenons le temps de nous reposer un peu. Dehors, la queue pour prendre la douche et laver son vélo ne fait qu’augmenter. Nous n’aurons pas le courage d’attendre dans le froid et choisirons la douchette extérieure de notre château roulant où se mêle l’eau chaude du camping-car, la pluie, le vent et un peu de gel douche. Pour nos fidèles montures, c’est Flavie qui trouvera la solution en allant emprunter le tuyau d’arrosage du fermier voisin… Merci FLA !
ÉTAPE 2 – LUC-EN-DIOIS / VEYNES
Comme la veille, c’est Rémy qui est aux fourneaux pour la mise en route. Le temps s’est levé… Il fait un peu frisquet mais les prévisions météo vont sur le mieux. On laisse Fla pour rejoindre la ligne de départ qui se trouve sur la place principe de Luc-en-Diois, à quelques centaines de mètres du camping. Cette fois, le départ est bien moins rapide.
Dans la traditionnelle bosse qui doit étirer les concurrents, les jambes sont déjà bien mise en chauffe. La 1ère partie d’étape, jusqu’au col de Cabre n’offre que peu de dénivelé négatif pour reposer les jambes. Rémy n’a plus les crampes de la veille mais la nuit ne lui a pas permis de retrouver ses jambes. Chaque mètre est bien compliqué. Je l’aide au mieux mais sur ces singles bien étroits et techniques, il est difficile pour moi de l’accrocher en permanence. Je le sens de plus en plus fatigué, sans force… L’arrivée au ravito du col de Cabre ressemble plus à une délivrance pour lui car il y décide finalement de bâcher.
Après avoir récupéré l’ensemble du matos obligatoire, je poursuit donc l’aventure mais cette fois en solitaire, au milieu de plein d’autres concurrents. Le moral n’est pas au top car je suis vraiment embêté pour Rémy qui était à l’initiative de notre participation au raid. C’est un peu dur de le voir comme ça… Il me faudra quelques kilomètres et le fait de reprendre d’autres équipes pour me remettre dans l’épreuve. La suite du parcours est bien technique avec notamment un beau portable pour atteindre le col de la Haute Baume et enchainer avec la Montagne d’Aureille. Je retrouve Rémy et Flavie à l’assistance. Il a repris un peu des couleurs et le soleil franc qui est enfin de la partie me redonne la pêche… Encore une belle rampe à s’avaler avant une superbe descente dans les cailloux puis des terres noires jusqu’à Aspres-sur-Buëch, sans oublier un joli passage dans une belle forêt de pin.
En arrivant au ravito Rémy me dira qu’ils m’ont entendu arriver de loin tellement mes freins couinaient d’avoir trop chauffé. La fin du parcours en plutôt bien roulante avec encore 2 petites bosses et encore une superbe descente avec de beaux lacets pour rejoindre le camping de Veynes et son joli lac, terme de l’étape du jour. La journée aura été mouvementé et je ne suis pas mécontent encore une fois de pouvoir descendre de selle après 6h d’efforts.
Cette fois, pas de soucis pour prendre la douche car le soleil est plus propice à la récup ambrée en terrasse, ce qui dilue bien les volontaires à la douche. Pour le lavage des vtt, certains choisissent même l’option lac. Nous profitons de cette fin d’aprèm pour faire une petite sieste puis discuter tranquillement avec des collègues de Rémy autour de quelques cacahouètes et une bonne bière fraîche aromatisée. Le repas du soir, au soleil, est assez agréable. Il est suivi du brief pour l’étape du lendemain et de l’affichage des classements…dans lesquels nous apparaissons encore. Notre abandon est passé à la trappe. La rectification sera faite après que nous soyons allés voir Hervé pour lui indiquer. Il nous laissera quand même repartir avec les Élites demain…car Rémy espère pouvoir repartir pour la dernière étape.
ETAPE 3 – VEYNES / GAP
Avec un départ programmé à 6h45, la nuit fut plus courte que les précédentes. Lorsque j’émerge, je suis obligé de constater que même ma nuit courte n’a pas été la même que celle dans le camping-car. Rémy a été malade toute la nuit !!! D’un côté c’est rassurant car ça permet d’expliquer sa méforme des derniers jours…mais il est pas très beau à voir… et du coup, Fla aussi à petite mine (mais elle c’est juste la fatigue). Cette fois, la bâche est définitivement tirée…
Quelques kilomètres pour rejoindre la ligne de départ au centre des Veynes et c’est parti pour la dernière étape. Elle est annoncée comme la plus belle avec une bonne partie en zone Natura2000. Le départ se fait sur le même tempo que la veille. C’est une longue montée sur route puis sur piste pour rejoindre le 1er col de la journée. On bascule ensuite pour une jolie petite descente en forêt où la vigilence est de mise pour ne pas se faire prendre par les racines cachées sous les feuilles.
La montée jusqu’au col du Lauteret nous réserve quelques surprises avec notamment la présence de quelques névés et des sentiers rendus bien humide par la fonte de la neige. Mais quel plaisir de déboucher sur ce panorama fabuleux !!! Les nuages viennent lécher les sommets au loin… La descente sur le petit village de La Cluse est un régal.
Enfin le 1er ravito. Rémy et Fla sont là pour m’encourager. Rémy semble aller un peu mieux. Il a pu avaler un bout. Un petite passerelle en bois à traverser et c’est reparti pour la partie plutôt « plate » de l’étape. Nous devons rejoindre la zone du col de Matacharre et de Conode, celle annoncée comme la plus sauvage. Il faut s’employer un peu pour que le rythme ne baisse pas trop sur ces longues pistes et chemins. Au détour d’un sentier, on a même le droit à un p’tit attroupement de voitures et camionnettes où résonnent les basses d’une rave party.
Pour la tranquillité et l’aspect sauvage de l’étape, faudra éviter ce secteur à l’avenir… Heureusement, nous n’allons pas rester trop longtemps dans le secteur et nous traversons le lit d’un torrent de montagne dans lequel seul des vtt peuvent passer…
Une fois passé le dernier ravito, nous arrivons enfin sur cette zone tant attendu et rentrons dans du vrai vtt de montagne. Le passe du col de Conode est sublime : pierriers, sentier dans des pentes abruptes, paysages grandioses… Un régal !!! Et tout ça au milieu d’une flore magnifique.
La partie suivante pour rejoindre le dernier col commence par une portion vraiment très technique (racine, pierres…) obligeant à pousser régulièrement. Heureusement, elle se poursuit avec un beau sentier cheminant à flanc de montagne dans une zone herbeuse offrant un panorama magnifique. Cette dernière étape : j’adore !
La dernière descente à partir du col de La Barre va encore bien mettre à mal les freins … avec quelques belles marches techniques et des passages en cailloux qui fuient sous les roues. La suite du parcours doit nous amener jusqu’à la dernière zone d’assistance. J’ai l’impression qu’elle ne va jamais arriver.
On enchaine descentes et montées au milieu des pins sur des singles plutôt roulant. Un p’tit passage sur le Petit Buëch à proximité de La Roche-des-Arnauds et me voilà débouchant enfin sur l’assistance. Fla et Rémy sont là pour remplir mon bidon et me donner de quoi faire remonter ma glycémie…
Il ne reste qu’une dernière montée à effectuer avant de rejoindre la traditionnelle portion du GR des Balcons de Gapençais qui longue le canal pour arriver à Gap. Un dernier virage à droite et je bascule sur la balise d’arrivée. Ça fait bizarre de terminer le raid là, au milieu de nulle part avec seulement un bénévole pour pointer les arrivées. Les derniers kilomètres jusqu’à l’arche d’arrivée ne se font donc plus en course et heureusement car ils empruntent des routes très fréquentées mais quand même, j’ai une sensation d’inachevé en passant sous l’arche… Est-ce le fait de terminer seul ou est-ce cette arrivée un peu tronquée ? Je ne saurais dire… En tout cas, je suis bien content d’avoir achevé cette belle épreuve durant laquelle on en aura pris plein les yeux !!! Je retrouve avec plaisir Flavie et Rémy pour le repas de clôture et assister au podiums, non sans avoir préalablement pris une dernière petit douche, au soleil, à côté du camping-car…
Cette édition 2025 aura encore été une belle réussite ! Un grand merci à l’orga pour la qualité du tracé proposé, à la fois accessible et très engagé, dans des paysages grandioses. Merci également à tous les bénévoles pour leur grande gentillesse et leur disponibilité.
Rendez-vous peut-être en 2016 pour cette fois finir à 2 … (hein Rém?)
crédit photo ® Cyril Crespeau / crédit photo Cyrille Schwander