Championnat du monde des raids aventure 2013 (COSTA-RICA) – 2 au 10 décembre 2013

Une équipe parrainée par Intersport a disputé, du 2 au 10 décembre derniers, le championnat du monde des raids aventure au Costa-Rica. Sur la ligne de départ : 67 équipes en provenance de 28 nations, engagées dans l’une des épreuves les plus exigeantes de la planète.

Au total, entre serpents mortels, crocodiles, hygrométrie élevée et mangrove déroutante, plus de 9 jours de course ont été nécessaires pour rallier la ligne d’arrivée. Le parcours, à réaliser en autonomie et non stop, comprenait : 392km de VTT, 219km de kayak, 56km de raft et 137km de trek. Une aventure inoubliable pour les 4 coéquipers du team Intesport : Anne Simon, Christophe Aubonnet, Pascal Bahuaud et Thierry Grisard.

L’équipe se classe pour l’heure à la 29ème place du classement mais devrait figurer dans les 20 premières une fois toutes les vérifications terminées. Pari relevé !

 

Récit de course, par Pascal Bahuaud, capitaine du team Intersport-Raid in France

Jeudi 28 novembre 2013, aéroport de Lyon-Saint Exupéry, 8h du matin. Le stress de l’enregistrement des bagages. Nous sommes en avance car il convient de tout peser pour ne pas dépasser 23 kg par sac et par caisse à vélo. Après un long remue-ménage et quelques transferts de poids, la répartition est faite. Nos sacs de cabine sont très lourds, car remplis des produits énergétiques fournis par Overstim’s.

Notre direction ? Le Costa-Rica pour participer au championnat du monde des raidsaventure. Je reviens courir dans ce pays… 23 ans après y avoir disputé mon premier raid long ! L’équipe, composée d’Anne Simon, Christophe Aubonnet, Thierry Grisard et moi-même, est expérimentée. Pour Thierry, cependant, c’est l’inconnu car il court là son premier raid non-stop de longue distance.

Après un voyage sans encombre plutôt agréable (nous avons été surclassés dans l’avion) et une nuit réparatrice, nous préparons les vérifications du matériel. L’organisation a fixé un ordre et des heures de passage, tant mieux, cela évite trop d’attente. 67 équipes, représentant 28 nations, sont présentes au départ.

Vérification du matériel et menu des réjouissances

La préparation du matériel représente une part importante de l’organisation d’une telle épreuve. Le matériel technique, l’habillement, la nourriture… sont les clés de la réussite d’une course sans accros. Nous avons, pendant de long mois, analysé, comparé, pesé, testé et même parfois fabriqué tout ce dont nous allions avoir besoin. Notre partenaire, Intersport et ses marques propres Nakamura, Mc Kinley et Pro Touch, nous ont fortement aidé dans cette démarche et une fois de plus, nous partons dans les meilleures conditions. Par exemple, notre sac à dos très léger est un prototype conçu avec Mc Kinley, il y a déjà quelques années, mais qui n’a toujours pas d’équivalent sur le marché : 40 litres modulables… pour 290 grammes !

La nourriture de course est pour une part lyophilisée et énergétique et pour une autre part un mélange de différents petits plaisirs que chacun se prépare afin d’agrémenter les longues heures de progression.

Les vérifications du matériel se passent sans encombre, dans une ambiance décontractée (on est en Amérique du Sud…). S’ensuit le contrôle administratif qui permet de clôturer notre dossier et d’obtenir enfin notre dossard de course. 42 :voila notre numéro d’équipe.

Le lendemain 30 novembre, c’est le grand jour du briefing de course. Ce briefing est pour nous l’occasion de découvrir les dangers liés à notre immersion dans la nature costaricienne. Nous avons droit à une revue générale de tous les types de serpents présents dans le pays… et Dieu sait s’ils sont nombreux ! On nous indique comment reconnaitre ceux qui sont mortels mais franchement, je pense que nous serions bien incapables, dans la panique, de voir si la bestiole a des petits trous sous les yeux ou non…Vu les photos des suites d’une morsure, mieux vaut éviter de se faire mordre ! Scorpions, araignées, grenouilles vénéneuses et crocodiles seront aussi à nos côtés durant la course.

Le parcours nous est dévoilé dans ses grandes lignes : une traversée du pays du sud au nord et d’ouest en est, de la frontière avec le Panama et des plages du Pacifique à la frontière avec le Nicaragua et les plages de la mer des Caraïbes. 820 km en kayak gonflable, en VTT, à pied et en raft, agrémentés de visites de la  canopée via des tyroliennes au cœur de la forêt vierge prévus en 6 à 7 jours pour les premières équipes. Pour nous, je pense que ce sera plutôt 8 à 9 jours. Sûrement l’une des courses les plus longues à laquelle je participe. Prudence sera notre leitmotiv en début de course.

Le jour suivant, nous préparons l’ensemble du matériel et le répartissons dans nos caisses. Elles sont au nombre de 8, que nous retrouverons tout au long du parcours, à chaque changement d’activité. Pas toutes en même temps mais en fonction de la logique de course. Nous disposons ainsi d’une caisse trek, d’une VTT, d’une caisse « stop », d’une encore pour le kayak et de 4 caisses pour le rangement des vélos. Cette répartition nous permet de retrouver le bon matériel au bon endroit, ainsi que la nourriture nécessaire à la section suivante. Attention à ne pas commettre d’erreurs… sinon la section de trek peut se faire en chaussure de VTT ! Tout est chargé dans des camions assurant la logistique durant la course.

9 jours intenses

Lundi 2 décembre 4h du matin. Enfin, nous quittons San-José, la capitale du Costa-Rica, pour rejoindre en bus le site de départ, à la frontière avec Panama. Beaucoup d’excitation mais aussi un peu de peur sont les sentiments qui m’animent. Excitation car cela fait longtemps que j’attends ce moment et que je suis impatient de retrouver les sensations si particulières des raids longs. Peur car je sais que cela va être dur, long, éprouvant physiquement et mentalement. Peur aussi de ne pas arriver au bout, de ne pas franchir cette ligne d’arrivée. Un moment d’une telle intensité que l’on « re-signe » toujours, malgré les galères et les bobos.

14h, on est sur la ligne de départ. Dernières accolades d’encouragement. Les cartes datent de 1950 environ et sont au 1/50000ème, cela promet d’être « coton » en orientation. Un coup de pistolet… et c’est parti. Un petit footing de 1,5km nous conduit au départ de la première section de VTT. Au programme : environ 100km et 850m de dénivelé positif.

Montage des vélos dans l’excitation du début de course ; toutes les équipes font comme si elles jouaient leur classement sur les deux ou trois minutes perdues lors de cette transition. Au vu du reste de la course, tout cela semble, à posteriori, bien anodin.

Pour nous, ce début de course en VTT est plutôt une bonne chose. Nous nous sommes bien entraînés tout l’été en vélo ; cela nous permet de démarrer sereinement. Christophe oriente en VTT et moi, sur les portions à pied. Nous nous sommes partagés les rôles sachant que nous avons deux jeux de cartes et que celui qui n’oriente pas, reste en contrôle.

A la tombée de la nuit, 17h30 au Costa-Rica en cette saison, nous sommes bien dans la course. Première petite alerte, j’ai les talons qui chauffent et comme il faut garder nos pieds en parfait état pour le long trek suivant, je m’arrête pour les soigner. La pluie commence à tomber. Le terrain devient une vraie patinoire, d’autant que nous abordons une longue montée dans la forêt vierge, un single si étroit que nous devons porter les vélos dans le sens de la longueur. 600m de montée, accrochés aux arbres, dans la boue. Quelle entrée en matière !

Après le sommet, nous retrouvons des pistes plus roulantes mais toujours aussi glissantes et boueuses, ce qui nous vaudra quelques belles chutes et frayeurs.

1h du matin, nous arrivons dans la plaine et au premier village, nous décidons de faire un stop. Repas chaud et 1h30 de sommeil. Telle est notre stratégie de course : ne pas se mettre en dette de sommeil, se restaurer convenablement et faire attention à notre intégrité physique car les petits bobos peuvent dégénérer en infection grave rapidement dans un tel environnement chaud et humide. Premier contact avec la population costaricienne. Nous sommes accueillis par une famille qui nous offre le gîte et le couvert.

Au petit matin, nous parvenons au départ du kayak pour la 2ème section. 65km de rivière et de mer avec la découverte des étranges marées de l’Océan Pacifique. En cette période, nous sommes dans les grandes marées avec des coefficients de plus de 100. Nos kayaks sont des gonflables que l’on doit gonfler et dégonfler à chaque début et fin de section. Leur vitesse n’est pas très élevée mais, au fur et à mesure de notre progression, nous trouvons nos marques et ils se révèlent assez agréables.

La balise à pointer (gage de notre bonne progression sur le parcours) est sur un petit canal au milieu de la forêt. Mais en raison de la marée basse, le canal se vide progressivement de toute eau et nous sommes obligés de remonter à pied, en tirant les kayaks, sur un mince filet d’eau. Dans la vase jusqu’au genou, on progresse très lentement et difficilement. Thierry, dans la boue jusqu’à la taille, ne peut plus bouger… et il s’enfonce encore ! Avec le bateau et des cordes, nous finissons par le sortir, non sans mal. Après un petit kilomètre de progression laborieuse, nous décidons d’arrêter là et d’attendre que la marée remonte (dommage, on s’apercevra un peu plus tard que le canal est de nouveau praticable). Pour que ces 2 à 3 heures d’attente forcée ne soient pas perdues, on se restaure et dormons un peu.

Tout le reste de cette section sera une bataille contre la marée, que nous avons toujours eu contre nous. Les équipes de tête, elles, en ont profité ! Fin de section interminable : les lumières de la côte paraissent à portée de main mais il faudra plusieurs heures pour les rejoindre.

Pour le trek suivant, une petite liaison entre les 2 portions de kayak, nous devons progresser avec l’ensemble de notre matériel de kayak sur le dos… car l’organisation ne transporte que les bateaux. Après une petite pause-repas-dodo de 2h, nous partons à pied. Objectif, la section de kayak suivante : une traversée de la mangrove Pacifique du Costa Rica. Et une magnifique découverte pour nous. Ce trek de 37km est effectué sur une grosse piste où nous prenons notre mal en patience… il est ponctué de stops destinés à enduire nos  pieds de crème car ça chauffe dur. L’équipe fonctionne bien et nos vitesses de progression homogènes nous permettent un avancement régulier. Tout le monde est bien physiquement et supporte la chaleur. Pas de bobos inquiétants.

Au 27ième km, on récupère nos kayaks, dégonflés. Ils restent environ 10km pour rejoindre le début de la rivière conduisant à la mangrove. Que faire ? Nous avions décidé, avant la course, de ne pas prendre de trolley pour tracter les kayaks, pensant que les chemins seraient impraticables. Erreur ! Christophe trouve trois grandes pousses de bambou avec lesquelles nous confectionnons des barres de portage. Sur chacun de nos dos : 28kg, plus le matériel accessoire et l’eau. Anne et Thierry prennent deux barres et réalisent un système de type chaise à porteur. Christophe et moi fixons notre kayak sous la pousse restante. En avant pour 4 heures de réelle galère et souffrance. Chaleur, poids, piste large… on porte 20mn, on récupère 5mn et on enchaîne à ce rythme lancinant durant tout l’après-midi.

Arrivés de nuit sur la balise suivante, nous tournons plus de deux heures pour la trouver. Elle est mal placée. Et pendant ce temps, la marée descend. Nous croisons les doigts pour qu’il reste assez d’eau dans la rivière. Ouf… la mangrove est en vue.

La mangrove, lieu mystérieux, impénétrable et énigmatique. Tous ces arbres, inconnus, avec leurs racines entrelacées, aux formes irréelles, qui vivent dans cette eau saumâtre. Cette faune que l’on entend mais que l’on ne voit pas, sujet à tous les fantasmes. 30 heures, nous allons y rester 30 heures, à manger, dormir, pagayer, attendre la bonne marée et chercher les balises. C’est un vrai casse-tête que de comprendre comment cela fonctionne ! D’où viennent les courants ? Lequel suivre afin de progresser au milieu de cet enchevêtrement ? Quel passage naturel relie les différents bras de rivière ?

Cela reste malgré tout un grand souvenir. Ce temps passé sur nos petits bateaux devenus nos seules maisons, au milieu de crocodiles dont on devine facilement la présence, se révèle justement… hors du temps ! Ici et là, deux petits points jaunes dans la lueur des frontales. En permanence, de multiples essais pour trouver le bon passage. Réparatrice, une sieste posée au milieu de nulle part, sur la vase, en attendant que la marée remonte. Flash, un indicible sommeil, arrimés aux branches d’un palétuvier, la tête dans les étoiles filantes. Un vrai moment de communion…

18h, le 5 décembre, fin de section et déjà plus de 3 jours de course. Nous sommes bien ; tout se déroule à peu près comme nous l’avions programmé. Rangement des kayaks, montage des VTT. Nous nous restaurons dans un petit restaurant local et découvrons les nouvelles cartes. Avec Christophe, je trace notre itinéraire pendant que Thierry se fait soigner une ampoule très douloureuse.

Nous repartons de nuit pour une section de 100 km en VTT. Direction : Superman, une tyrolienne de 2km avec une vitesse max de 120km/h, en position couchée, tête en avant. De grandes sensations en perspective. Malheureusement, une fois arrivés sur place, nous apprenons que cette épreuve est arrêtée. L’organisation n’a pas anticipé que le personnel de sécurité devait être présent… 24h/24h. Carton rouge !

Petit dodo de 2h30 sur le parvis d’une chapelle et fin d’une section qui sera assez éprouvante avec une succession de montées et descentes ininterrompues, raides dans les deux sens, nous obligeant souvent à monter à pied… sauf pour Thierry qui entend bien sauvegarder ses pieds pour le trek suivant et fait l’effort de rester sur le vélo le plus longtemps possible. La chaleur est éprouvante. Je ne me sens pas très bien. Parti rapidement après l’arrêt, je n’ai rien mangé et l’hypoglycémie pointe son nez… entraide de mes coéquipiers, ravitaillement, tout rentre dans l’ordre… mais vigilance sur les apports caloriques !

Superbe couché de soleil sur les crêtes surplombant la campagne et les forêts costariciennes. Mais survient un problème mécanique sur le vélo d’Anne. Depuis quelques heures, son amortisseur arrière perd de l’air et nous sommes obligés de le regonfler régulièrement. De passage dans une grosse bourgade, nous tentons de trouver un marchand de cycles et tombons sur une bande de jeunes garçons passionnés de vélo. Ils regardent nos machines d’un œil admiratif et vont remuer ciel et terre pour nous dépanner. Mais pas de pièces dans les environs. Alors, pour nous faire plaisir, ils organisent le lavage express de nos vélos. Ils sont 7 autour de nos VTT et en 1 minute chrono, ceux-ci ressortent nickel, chaines graissées. Tout simplement irréel.

A la transition suivante, c’est un long trek qui nous attend. Direction : le mont Chirripo, point culminant du Costa Rica. Nous arrivons vite à ce middle camp où un stop de 4h est obligatoire. Nous sommes en 33ème position, dans la première moitié du classement. Mais devant nous, plusieurs équipes ont volontairement sauté des balises dans la mangrove et seront mises hors classement. Notre position se situe donc entre la 25ème et la 30èmeplace, conforme à nos attentes. Tout le monde se sent bien et c’est en bonne énergie que nous abordons ce trek.

Nous préparons nos sacs en tenant compte du fait que les premières équipes, d’après l’organisation, ont rencontré du très mauvais temps au sommet. On double les polaires, elles sont légères, ainsi que le thermique haut. Puis dodo de 3h.

A 2h du matin, nous demandons à faire vérifier notre matériel obligatoire. Là, se déroule alors un long moment où l’on nous explique que les premiers sont toujours sur le trek, que le temps là-haut est abominable, que les secours ne pourront pas décoller pendant les trois jours qui suivent… et que nous pouvons y aller mais que, quoi qu’il arrive, nous serons bloqués à la fin du trek compte-tenu des jours qui passent et rapatriés sur San-José sans autres possibilités de progression. Donc pas de ligne d’arrivée, ce moment magique de communication entre tous, équipiers, suiveurs, famille. On ne peut pas nous faire cela !

Puis on nous propose un autre deal : un transfert jusqu’à T8 (Transition 8), le départ du raft, où l’on pourra reprendre la course. C’est assez irréel. Je réunis mes coéquipiers et nous prenons ensemble notre décision, la mort dans l’âme. Franchir la ligne d’arrivée est un rêve partagé, un accomplissement… on opte pour le transfert ! Celui-ci est programmé en fin de matinée mais il ne deviendra réalité que 30h plus tard…

Arrivée à T8 : réception des nouvelles cartes et départ à 6h30 pour le raft. Nous aurons passé 56h sans progresser : de quoi largement boucler le trek… Nous avons la rage !

Après une petite marche d’approche de 40mn pour rejoindre la rivière Pacuare, l’une des 10 plus belles rivières de raft au monde avec des rapides de classes IV et V, nous embarquons. Cette descente d’environ 4h qui aurait dû être une transition ludique va se transformer en cauchemar. Au bout de 2h30 de navigation surviennent les gros rapides : le premier est passé sans encombre. Mais dans le deuxième, un peu plus technique sûrement, nous nous mettons en travers et tombons dans un trou sur la hanche du raft. Et là…pop-corn comme dira le barreur : on gicle de tous les côtés. Je me retrouve coincé sous le raft. Et bang d’un côté, et bang de l’autre, je tape dans les cailloux sans les voir. Que le temps est long, sous l’eau, à essayer de sortir pour respirer. Je me calme, j’analyse et trouve la sortie. Quelques petits rapides plus loin, passés les pieds devant, je suis récupéré. J’ai mal au dos et suis un peu choqué. Place au bilan. Thierry, qui avait un pied coincé, s’est bien râpé le tibia. Anne a tapé un rocher dans le dos et se plaint des côtes. Pour ma part, très gros mal au dos au niveau des reins et beaucoup de mal à bouger. Impossible de pagayer. On finit la descente avec des angoisses d’abandon dans la tête. Ne pas terminer cette course me semble impossible.

Sur la terre ferme, petite visite aux docteurs de l’organisation. Pas de lésions apparentes au dos mais je m’aperçois que j’ai très mal à la jambe droite. Sous mon collant, se dévoile un tibia complètement déformé par un énorme hématome. Piqure d’anti-inflammatoires immédiate. Mes coéquipiers sont calmes et sereins, ça fait du bien.

Je me mets dans un coin pour essayer de récupérer un peu ; ils préparent les bateaux comme si de rien n’était. Deux heures passent, je me sens mieux… Nous prenons la décision de continuer, en kayak, sur la portion suivante. Anne me relaye à la barre mais ce sera une vraie épreuve pour elle car ses côtes la font souffrir. Je m’applique au maximum pour lui éviter des efforts supplémentaires. Nous sommes de nouveau dans la course, soulagés et contents de continuer l’aventure ensemble. On va la finir cette course !

Très longue section de kayak de presque 100km avec une ligne droite de 20km qui nous parait interminable. Heureusement que nous passons de nuit car de jour, avec la chaleur, cela doit être l’enfer. Nous nous trouvons sur les canaux de Tortugerro, magnifiques au milieu de la jungle costaricienne. On se croirait dans Jurassic Park. Nous remontons beaucoup d’équipes et revenons dans la course malgré notre arrêt réparateur. Le moral revient mais les douleurs restent.

On laisse nos kayaks au milieu de la jungle avec un petit pincement au cœur. Nous y avons passé de très longues heures à pagayer mais aussi à dormir, manger, rigoler, discuter, à vivre tout simplement. On s’y est attaché. Le trek suivant, dans la jungle et la boue, est dur pour moi. Je peine à marcher et pour éviter les faux mouvements, je prends mon temps afin de bien assurer chaque pas. La fin du trek est plus facile, sur une belle piste.

Enfin la dernière section de VTT. Nous prenons le strict minimum pour cette portion de 165km sur un terrain plutôt plat. Après avoir roulé jusqu’au début de la nuit, nous décidons de trouver un endroit pour dormir et si possible manger. Une petite maison typique est là, seule au milieu de nulle part, comme souvent. On s’arrête, on mime « dodo » et « manger » à ses occupants et après un petit temps d’attente, la dame revient en nous disant OK. Tout au long de ce périple au Costa-Rica, nous avons été bluffés par l’hospitalité et la gentillesse des habitants. Au menu : une assiette de riz et de viande que nous aurons des difficultés à terminer, un pichet de café puis un matelas, un drap blanc et des oreillers brodés pour nous reposer. Quelle leçon de vie !

21h, le 10 décembre, 8ième jour de course : nous roulons vers la frontière du Nicaragua. L’orientation est difficile ; nous décidons de sortir de la carte fournie par l’organisation pour trouver une grosse piste qui rejoindra plus vite la frontière. Et elle existe ! Le reste de la section se déroule tranquillement, mais à un train assez soutenu. Balise 48 : plusieurs équipes « jardinent » comme on dit dans les raids. On se concentre sur la carte, on analyse, on se trompe et jackpot, elle est là. Dernière traversée de rivière, vélo sur le dos, puis tout droit vers les ultimes sections : une petite canopée et le dernier raft. Une équipe pointe juste derrière nous. Il faut pagayer plus vite. Anne et moi, toujours bien souffrants et un peu traumatisés par les tyroliennes avec les baudriers, nous reposons sur nos deux équipiers.

11h55, le 11 décembre : nous passons la ligne d’arrivée au bout de 9 jours de course. Intense émotion et satisfaction collective. Nous avons réussi notre pari. Rien n’était sûr au départ. Thierry vivait son premier raid long et moi, cela faisait plus de 6 ans que je n’avais pas couru. Anne et Christophe ont joué le jeu magnifiquement. L’équipe a merveilleusement fonctionné ; chacun a trouvé sa place.

Pari réussi : une place dans la 1ère moitié du classement

Le classement final n’est pour l’instant pas connu officiellement. Sur le site Internet de la course, nous sommes positionnés 29ème mais il s’agit d’un classement officieux car plusieurs équipes ont, soit sauté des sections, soit raté des balises. Nous espérons que tout cela rentrera dans l’ordre prochainement. Se classer dans la première moitié de ce championnat du monde était notre ambition de départ. Face à toutes les meilleures équipes de la planète, le contrat est donc rempli !

Maintenant place à la récupération et à la réparation des petits et gros bobos. Il s’avère que je souffre en fait d’une facture sagittale au tibia. Repos obligatoire. Anne doit faire une visite rapidement à l’hôpital car la douleur ne disparait pas.

L’ensemble de notre matériel était parfait. Nous avions comme fond de sac obligatoire : une veste Tedford UX (Mc Kinley), une polaire Clippo (Mc Kinley), un thermique haut Waldo (MC Kinley) et un bas Ruper Pant UX (Mc Kinley), un sursac AQX et pour la montagne et les transitions, un duvet Xtrem light 600.

Pour l’habillement, nous avons utilisé le collant Otisson (Pro Touch) et le maillot Orson (Pro Touch), les chaussettes Thermolite (Nakamura) et Technitrail (Pro Touch) et les accessoires gants (Nakamura), casquette, guêtres, sac étanche, couverture de survie (Mc Kinkey).

L’énergétique nous a été fourni par Overstim’s et a été performant, comme d’habitude. Pas de problème gastrique, goûts variés, sucrés, salés… diversité des produits et textures.

Nous tenons à remercier l’ensemble de nos partenaires, qui ont cru en nous et nous ont fait confiance, ainsi que nos familles présentes dans toutes les phases de la préparation et durant la course. Mention spéciale à Riquet sans qui les longues nuits et sections de kayak n’auraient pas été aussi agréables. Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés depuis le début de cette aventure, à vos milliards de messages de soutien. Et à bientôt, j’espère, pour de nouvelle aventure…

 

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